De villas en villages - Erpent, Naninne, Andoy

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La mise en place de nos paysages ruraux est un processus lent qui débute à la charnière des cinquième et sixième millénaires avant notre ère. C'est à ce moment que des groupes humains, se fixant au sol, apprirent à produire leur nourriture : les "chasseurs-cueilleurs" se muèrent alors progressivement en agriculteurs. C'est au cours de cette "révolution néolithique" somme toute relativement récente que l'homme commença à aménager son environnement pour aboutir, génération après génération, au paysage actuel où une multitude de toponymes révélateurs témoigne de la chaîne des transformations et des apports successifs.

Le secteur "Erpent Naninne Andoy" en concentre un certain nombre, repérés sur la carte au 1/10.000ème et qui permettent d'évoquer quelques étapes de ce long phénomène d'appropriation du sol. Les Romains ont parsemé nos régions de villas dont les vestiges sont nombreux et souvent trahis par un toponyme où intervient le mot "ville". A Naninne, par exemple, le lieu-dit "sous la Ville" dénote la présence proche d'une de ces villas qui n'a jusqu'à présent pas encore été localisée.

Mais c'est le Moyen Âge qui a véritablement construit l'organisation spatiale de nos campagnes actuelles. Ces vestiges immatériels que sont les lieux-dits en témoignent largement. "Grande couture" et "petite couture" par exemple, que l'on trouve à Erpent, ont un sens moins anodin que celui, commun, de "culture", c'est-à-dire "terres ensemencées et cultivées", que nous leur attribuerions spontanément. Ils témoignent en effet de l'organisation des grands domaines médiévaux qui se mirent en place à partir de l'époque carolingienne. Le terme "couture" désigne alors les terres qui, au sein du domaine, sont exploitées par le seigneur et sa domesticité, "en faire-valoir direct" selon l'expression consacrée, par opposition à celles concédées à des tenanciers qui les cultivent pour leur propre compte. Généralement ces dernières portent le nom de "quartiers", toponyme que l'on retrouve par exemple à Andoy ou à Bouge, où la ferme du Quartier est bien connue des gastronomes. Le mode de concession a aussi influé sur la dénomination des biens. C'est ainsi que le "cens", redevance versée annuellement, est à l'origine des noms de "cense" ou de "cinse", donnés chez nous à une exploitation agricole, et de "cinsî", à son tenancier. Le français "ferme" provient, lui, du "bail à ferme", autre mode de détention d'un bien rural. Certaine pièces de terre se distinguaient sans doute par leur superficie, puisque celle-ci a finalement servi à les identifier, telle la campagne des "huit bonniers" entre Naninne et Erpent. Vieille unité de surface, le bonnier valait, selon une évaluation de 1820, 94 ares 61.

Après une longue période d'expansion économique et démographique, du 11ème au 13ème siècle, le monde rural va connaître une régression sévère due à des phénomènes climatiques, des épidémies endémiques et surtout aux ravages de la soldatesque. A la fin du Moyen Âge, ces fléaux cumulés vont conduire à un recul de l'espace habité, à des abandons de terres et à la disparition de hameaux, voire de villages entiers. Nous en avons une belle illustration dans les parages des exemples précédents: à la sortie de Wierde, vers Faulx-les-Tombes, où ne s'élève plus aujourd'hui que la grosse ferme de Wez, un petit village se groupait au Moyen Âge autour de son église paroissiale. Un ruisseau fournissait l'eau nécessaire à l'activité de potiers installés ici depuis le 11ème siècle au moins, attirés par les gisements de "derle", cette fameuse terre plastique qui fera la renommée, sinon la fortune, d'Andenne.

Des fouilles effectuées en 1984 ont aussi prouvé l'existence d'un habitat plus ancien, romain et mérovingien. A partir de la fin du 15ème siècle, les habitants cèdent progressivement et systématiquement leurs biens au Grand Hôpital de Namur – on ne sait pourquoi – et le village de Wez disparaît au profit de la grande ferme qui existe toujours, sans laisser d'autres traces que celles exhumées par les archéologues et les historiens.

Jean-Louis Antoine

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