La pompe de l’Ange

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La foule qui, chaque samedi, arpente en tous sens la rue de l'Ange ne se soucie guère de l'angelot, naguère doré, qui lui a donné son nom et qui, imperturbablement, fait mine de jouer de la trompette par-dessus les têtes. La plupart l'ont-ils seulement jamais remarqué ? Savent-ils encore que le bel édicule de style Louis XVI qui lui sert de support était à l'origine une pompe publique mise en place en 1791 à l'initiative du Magistrat (c'est-à-dire le collège échevinal de l'époque) ? Une pompe en effet, et pas une fontaine comme on l'affirme encore souvent. Contrairement à la fontaine d'où l'eau s'échappe comme d'une source, en continu ou par saccades mais en principe sans intervention humaine directe, la pompe est une machine qui fonctionne "à la commande" sous le coup d'impulsions données en actionnant un bras métallique. Ceux de la pompe de l'Ange ont été enlevés en 1924 de même que les mufles de lion (à l'origine c'étaient des dauphins) d'où l'eau jaillissait. Qui veut se rendre compte de l'aspect initial de la pompe de l'Ange peut aller au Marché aux Légumes tout proche où la pompe qui occupe le centre de la place a par bonheur gardé son mécanisme. Ces deux survivantes d'un réseau beaucoup plus dense de pompes publiques témoignent d'une époque, pas si éloignée finalement, où, pour se procurer de l'eau, il ne suffisait pas de tourner un robinet.

La quête et la domestication de l'eau constituent en effet une des grandes aventures technologiques de l'humanité. Aujourd'hui, l'eau dans la ville s'est faite discrète. Il fut un temps où elle était beaucoup plus présente. Au Moyen Âge, pour couvrir ses besoins, la population namuroise disposait de trois sources principales d'alimentation : les cours d'eau, avec les risques que cela comportait car ils étaient déjà pollués, les citernes et les puits. Curieusement, les fontaines étaient rares (une seule mentionnée au 15ème siècle, "à  Saint-Aubain"), au contraire des puits nombreux, publics ou privés, qui, au fil du temps, seront de plus en plus pourvus de pompes. Au 18ème siècle, on en dénombre une trentaine dont les structures émergeantes étaient vraisemblablement rudimentaires et probablement dépourvues de tout caractère esthétique. Dans la seconde moitié du siècle, l'édification de pompes monumentales à l'initiative de l'autorité publique participe d'une véritable volonté d'embellissement de la ville.

L'architecture et le décor de la pompe de l'Ange sont l'œuvre du sculpteur namurois François-Joseph Denis (1749-1832). Bien moins célèbre de son temps que son compatriote Pierre-François Le Roy (1739-1812), il a néanmoins laissé quelques œuvres qui témoignent d'un réel talent : à Namur, citons, parmi d'autres, la chaire de vérité de l'église Saint-Jacques (1779) et un beau buste de Jacques-Joseph de Stassart, président du Conseil provincial (1788), qui est conservé au Musée de Groesbeeck de Croix. Denis, qui semble avoir privilégié la sécurité, avait plusieurs cordes à son arc : il était aussi géomètre et son plus beau titre de gloire, aux yeux des historiens en tout cas, est sans doute d'avoir réalisé entre 1792 et 1812 un grand plan de Namur qui était exposé à l'Hôtel de Ville où il disparut dans les flammes en 1914. Heureusement, deux copies réduites ont été conservées, dont l'existence atténue quelque peu la perte du précieux original.

Classée depuis 1936 en raison de sa valeur historique, archéologique et artistique, la statue de l‘Ange a été restaurée dans les règles de l‘art en 2011 et la pompe a ainsi retrouvé tout son éclat.

Jean-Louis Antoine

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