Porte de Namur - Les fortifications urbaines

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« Namur, ville ouverte », pour paraphraser le titre d'un film célèbre, c'est un phénomène récent.

Dès le 10ème siècle certainement, la ville fut entourée d'une ceinture de fortifications  s'amplifiant au fil des temps pour atteindre sa plus grande extension au 15ème siècle: les limites de ce qu'on appelle aujourd'hui la « corbeille », c'est-à-dire le Rempart de la Vierge et les boulevards Mélot et Cauchy, matérialisent encore le tracé de cette dernière enceinte. Le quartier d'Entre-Sambre-et-Meuse était lui aussi entouré d'un cordon défensif qui rejoignait à flancs de coteaux les murailles du château des comtes.

On ne pouvait normalement franchir cette carapace qu'au travers des portes, puissamment fortifiées, qui y étaient pratiquées. Rien que pour la dernière enceinte, on peut ainsi énumérer les portes de Bruxelles (dite aussi en Trieux), de Fer (ou de Samson) et Saint-Nicolas qui s'ouvraient dans les murailles ceinturant la corbeille, auxquelles il faut ajouter celles de Bordial, côté Sambre, de Buley et de La Plante qui se succédaient côté Meuse et permettaient d'accéder au quartier d'Entre-Sambre-et-Meuse. En venant de Jambes, on butait, à l'entrée du pont, sur la tour-porte de Beauregard. Il faudrait encore ajouter les portes de rivage et celles qui subsistaient des enceintes précédentes (Hoyoul, Sainial, Saint-Aubain, etc..).

Ces portes étaient fermées à la nuit tombante, on les rouvrait à l'aube, et entre-temps, la nuit, personne n'entrait ni ne sortait de la ville.
Au 16ème siècle, une grosse cloche, la cloche-porte, fut installée au sommet de la grosse tour Saint-Jacques, le beffroi actuel, pour annoncer chaque soir la fermeture des portes et prévenir les traînards, les promeneurs et tout le petit peuple qui s'affairait aux champs, voire les campagnards qui s'étaient attardés en ville, qu'il était temps pour chacun de regagner son domicile.

On a peine aujourd'hui à imaginer l'importance de cette contrainte qui a cependant rythmé, des siècles durant, l'existence de nos ancêtres.
Les portes de ville ont toujours été le lieu d'une vie sociale toute particulière : on y percevait des taxes, on y placardait des avis communaux ou des décisions de justice, on y attendait ou on y reconduisait des visiteurs de marque, les mendiants s'y regroupaient. C'est ainsi qu'à la fin de sa vie,  le comte Jean III emprunta un jour quelques piécettes à son fournisseur d'étoffes et occasionnel banquier, Jean du Caisne, pour faire l'aumône à la porte de Fer. On le sait parce qu'après la mort du comte, le prêteur ne manqua pas de se faire rembourser.

On y abritait les Géants des processions ainsi qu'en temps de paix, les pièces de l'artillerie communale.

Elles ont aussi très souvent servi de prison : à Namur, ce fut par exemple le cas de la porte de Fer. Il y a là une valeur symbolique très forte, puisqu'en quelque sorte, la communauté enfermait les délinquants, et les fous qui leur étaient assimilés, aux marges de son espace de vie. On est proche d'un rituel d'exclusion et de passage, qui n'a pas manqué d'intéresser historiens, sociologues et philosophes.

Cette valeur symbolique de représentation de la communauté apparaît aussi dans le fait que, bien souvent, ce sont les portes de ville qui furent choisies pour illustrer les sceaux communaux.

L'entretien des fortifications, ce fut aussi, pour la plupart des communautés urbaines d'Ancien Régime, la charge financière la plus lourde, l'objet de négociations difficiles avec le pouvoir central pour obtenir des subsides, des exonérations d'impôts ou le droit de lever de nouvelles taxes.
Il arriva enfin un temps où les fortifications furent perçues comme un carcan entravant le développement territorial des villes, comme un frein à leur expansion économique et les portes comme des goulets d'étranglement. Ce sentiment, qui apparaît au début du 18ème siècle, connut son apogée au milieu du siècle suivant.

Dans bien des cas, la décision fut prise de les abattre : à Namur, la démolition de la dernière enceinte eut lieu dans les années 1860.
Et c'est ainsi qu'en quelques décennies, ce qui avait été un élément majeur du paysage urbain disparut. Non sans provoquer les véhémentes, et vaines, protestations de ceux qui étaient attachés à leur intérêt monumental, historique et archéologique, comme le savant archiviste Jules Borgnet vitupérant contre les destructeurs, qu'il appelle la « bande noire ».

En définitive, il reste peu de choses des fortifications urbaines de Namur et des portes en particulier puisque, de celles-ci, seule la troisième et dernière porte de Bordial, construite au milieu du 17ème siècle, fut épargnée. On envisage aujourd'hui de la remettre en valeur. Ces quelques lignes auront contribué, du moins je l'espère, à faire ressortir le bien-fondé de cette initiative.

Jean-Louis Antoine

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