Un petit grain de folie à la Citadelle - Le ravin de la Foliette

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La citadelle est parsemée de lieux-dits pittoresques, parfois énigmatiques, pas toujours d'origine militaire, loin s'en faut, dont certains renvoient à un passé éloigné. Le ravin de la Foliette en est un bon exemple. Qui connaît encore l'origine de cette appellation, moins anodine qu'il n'y paraît ?

Il s'agit d'un vallon sec, assez densément habité aujourd'hui, et qui s'insère comme un coin entre Terra Nova et le Fort d'Orange. Villégiature agréable au demeurant et, comme nous allons le voir, appréciée depuis longtemps.

Il fut un temps où l'on hésitait sur l'orthographe à adopter. Au 19ème siècle, la graphie « Fillette » se rencontre parfois : cela provoqua d'ailleurs une vigoureuse réaction de l'historien Jules Borgnet, se posant en vigilant gardien de l'orthodoxie toponymique.

« Foliette » est le diminutif de « folie », (toi ma p'tite folie, mon p'tit grain de fantaisie...), nom que l'on donnait anciennement à une maison de plaisance ou de campagne. Et de fait, lorsque le terme apparaît en 1354, il s'applique à une maison et jardin qui sont dits (et je respecte la savoureuse orthographe du temps) « ale Foliette en descendant de Champiauz dehors le chastial de Namur » : cette propriété appartient alors à un ecclésiastique que l'on imagine respectable, Gérard Legrain, chanoine de Saint-Denis de Liège. A la même époque, le chapitre de Saint-Pierre, installé dans le château tout proche, y possède aussi des « maisons » sur lesquelles on n'est guère documenté. Néanmoins, le contexte se laisse facilement deviner : on est en-dehors, mais à proximité, de la ville et du château, dans un environnement incontestablement champêtre : sur les coteaux ensoleillés les plus proches croissent même des vignobles ! Le statut social élevé de leurs propriétaires ne fait aucun doute et plaide pour des bâtisses d'un certain standing. On le voit, la situation au moyen âge semble bien correspondre à la définition qui vient d'être donnée de « folie » ou « foliette », et l'on peut  raisonnablement penser que c'est la présence de ces maisons « de campagne » qui est à l'origine de l'appellation.

Statut social élevé, écrivais-je : en effet, car si Gérard Legrain n'a pas laissé d'autres traces dans l'Histoire, il n'est sans doute pas n'importe qui : le comte de Namur de l'époque, Guillaume Ier dit « le Riche », l'appelle son « ami ».

Personnage hors du commun que « notre très cher et redouté seigneur, monseigneur le comte de Namur » Guillaume Ier qui fut d'une longévité et, semble-t-il, d'une force de caractère exceptionnelles. Il régna en effet de 1337 à 1391, c'est-à-dire 54 ans : performance admirable en soi, mais qui force le respect quand on connaît les risques du métier ! Lui-même n'y allait d'ailleurs pas par quatre chemins, n'hésitant pas à assassiner un parent par alliance, Louis de Vianden, probablement pour une question d'argent.

Sa résidence habituelle était le château de Namur où on l'imagine mener une existence fastueuse aux côtés de son épouse, Catherine de Savoie. Habile politique, il profita au maximum des aléas du temps, monnayant ses alliances en pleine Guerre de Cent ans, au gré de ses intérêts et de l'évolution du conflit.

Pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer ces quelques lignes écrites dans les années 1850 par l'immense Jules Borgnet, volontiers nostalgique à ses heures et à qui je dois l'essentiel de mes informations :
« Apercevez-vous ces jardins comme perdus dans le flanc de la montagne, espèce d'oasis au milieu des glacis déserts qui l'entourent ? C'est la Foliette...on peut admettre, avec assez de vraisemblance, que nos bons chanoines s'y rendirent plus d'une fois pour se livrer, sous les arbres du verger, à quelque grave discussion théologique, ou pour savourer le petit vin des côtes de Buley et de Champeau. »

Jean-Louis Antoine

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