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Rodolphe STREBELLE - "Nu"
Huile sur toile

Assise une femme, la jambe droite pliée avec la main gauche doucement posée sur celle –ci, l'autre avant-bras sous la poitrine, nous fixe d'un regard présent, avec une expression qui a sa part de mystère. Elle est assise sur un drap gris légèrement bleuté qui fait jonction avec un rideau vert bleuté lui aussi, le tout structurant ainsi l'œuvre en trois plans principaux. Le drap est clair sur le devant et se fonce en avançant vers le fond, pour annoncer les tons du rideau qui termine la composition, tandis que le corps décline différentes tonalités dans les carnations (les mains et les avant-bras sont plus foncés, par exemple). Une ambiance intimiste émane de cette toile.

Nervia

Nous la devons à Rodolphe Strebelle, qui fréquenta différents ateliers aux Académies de Schaerbeek et Bruxelles et notamment, à cette dernière, celui de Jean Delville (1867 – 1953) un des principaux acteurs du Symbolisme en Belgique. Delville eut d'autres élèves et, parmi ceux-ci, Anto Carte (1886 - 1954) qui fut en 1928 avec Louis Buisseret (1888 – 1956) tous deux soutenus par l'assureur amateur d'art Léon Eeckman, fondateur du groupe Nervia. Jusqu'en 1938, à travers notamment vingt expositions en Wallonie, en Flandres et à Bruxelles, ils tâchèrent de mettre en valeur des artistes –parfois jeunes- de Wallonie, Hainuyers pour la plupart. Strebelle se joignit à eux dès 1929 et figura, ainsi que les fondateurs, aux expositions du groupe où furent régulièrement invités Frans Depooter (1898 – 1987) Léon Devos (1897 – 1974) Léon Navez (1900 – 1967) Pierre Paulus (1881 – 1959) Taf Wallet (1902 – 2001) et Jean Winance (1911 – 1999).

A l'instar de Strebelle dans une grande part de son œuvre, ces différents artistes ont parfois pratiqué la peinture intimiste.

L'époque de Nervia, dont date probablement notre toile, est celle, par exemple, de l'Art Déco . Le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, dû à Victor Horta, a été inauguré en 1928, mais en même temps, les premiers Surréalistes du pays sont à l'œuvre (Ceci n'est pas une pipe, ou plus précisément La trahison des images, de Magritte –qui se trouve à Los Angeles- date de 1929) les peintres abstraits n'en sont plus à leurs débuts, ainsi que les Expressionnistes, mais ce groupe a écrit une page de la peinture de nos régions. Durant l'été 2002, le Musée des Beaux-Arts de Mons a présenté une exposition de Nervia, tandis qu'à La Louvière, le Musée Ianchelevici accueillait des œuvres de Taf Wallet, un enfant du pays.

Changements de sujet

Si à ses débuts, avant la première guerre mondiale, Strebelle peint surtout des scènes d'intérieur, il s'intéressera par la suite à la nature morte puis au portrait pour après se tourner, à partir de 1935, vers un art d'inspiration religieuse. Il dessina aussi des cartons (ou modèles) de tapisseries et s'adonna à la gravure. Tout cela ne l'empêcha pas d'enseigner pendant plus de vingt ans, sa dernière charge étant à l'Institut supérieur des Arts décoratifs, à La Cambre (Bruxelles) de 1935 à '46. Président de la Société belge des Aquarellistes, il fut aussi lauréat de nombreux prix et membre de l'Académie royale de Belgique (1954).

Une famille de créateurs

Strebelle a eu trois fils : Claude fut architecte, Jean-Marie (1916 – 1989) peintre et Olivier (né en 1927) est sculpteur et céramiste. A Namur, nous lui devons la sculpture du Cheval Bayard, à côté du Pont des Ardennes. Avant de se trouver là, cette sculpture annonçait, durant l'Exposition universelle de 1958, le pavillon de la Province de Namur sur le plateau du Heysel, à Bruxelles. C'est également Oliver Strebelle qui a créé le modèle des Bayards qui sont remis aux lauréats du Festival international du Film francophone. Sa carrière l'a conduit avec succès un peu partout dans le monde.

Thierry Oger
(Photo : J. Leurquin)


Sources disponibles à la Bibliothèque principale, impasse des Capucins :

-BENEZIT, E. : Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays par un groupe d'écrivains spécialistes français et étrangers, Paris, Gründ, 1999 (nouvelle édition)
-CASO, Paul : Un siècle de peinture wallonne, de Félicien Rops à Paul Delvaux, Bruxelles, Rossel, 1984
-Dictionnaire des peintres belges, du XIVème siècle à nos jours, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995

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