La Maison des Mariages

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Le vendredi 12 septembre 2008, la Ville de Namur a inauguré sa nouvelle Maison des Mariages.

Celle-ci a été aménagée au sein d'un bâtiment que la plupart des Namurois connaissent encore sous le nom de Musée de la Forêt.

Le Palais Forestier est l'œuvre de l'architecte bruxellois Henri Van Massenhove (1860-1932). Sa construction fut confiée à l'entreprise salzinnoise Péduzy et Fils. Comme l'écrit Raymond Balau, "l'architecture du Palais Forestier correspond à une vogue de constructions à caractère pittoresque répandue dans les sites de villégiature fréquentés par la bourgeoisie européenne à la fin du XIXe siècle"1.

Après avoir récupéré le bâtiment à l'issue du bail emphytéotique, la Ville de Namur s'est mise en quête d'une nouvelle affectation, respectueuse de son caractère et de son environnement. De nombreuses pistes ont été explorées : nouveau musée, projet Horeca, centre d'animation, gîte rural, appartements, ... . L'idée d'y établir la salle communale des mariages s'est cependant assez vite imposée.

Cette implantation jouit en effet d'avantages nombreux : la situation décentralisée permet d'éviter les problèmes de parking, particulièrement criants le samedi, jour où se font la majorité des mariages. Et surtout, les cérémonies y bénéficieront d'un cadre architectural et naturel de grande qualité, beaucoup plus approprié qu'à la piscine de Salzinnes où elles se déroulaient auparavant.
Les travaux intérieurs ont été confiés à l'entreprise Bajart de Floreffe, tandis que la firme Sequaris d'Acoz a réalisé les aménagements extérieurs. Il se murmure que le bâtiment pourrait accueillir des événements culturels prestigieux ou l'un ou l'autre séminaire.

Mais allons un peu plus loin dans l'histoire de ce bâtiment...

Son édification, en 1901, est l'aboutissement d'un long processus qu'on peut évaluer à un demi-siècle environ. Au milieu du 19ème siècle en effet, est mis au point un nouveau type de pièce d'artillerie, le canon en acier, à tube rayé et chargement par la culasse : la portée et la précision des tirs, la puissance des projectiles en sont considérablement augmentées. Les fortifications bastionnées traditionnelles, en maçonnerie et terre, sont impuissantes face à de telles armes. Seuls le béton et l'acier peuvent leur résister. Des réorientations stratégiques sont nécessaires. La Belgique décide alors d'axer sa défense sur la place d'Anvers.

Cela entraînera pour Namur des conséquences considérables. En 1859, l'Etat belge peut enfin autoriser la destruction des fortifications urbaines, devenues inopérantes et qui sont perçues localement comme un frein au développement économique. Rapidement entamé, le démantèlement, qui ne concerne cependant pas la citadelle, qui est maintenue, est effectif après quelques années seulement.

La victoire allemande lors de la guerre de 1870 va néanmoins rendre à Namur, ainsi qu'à Liège, leur importance stratégique. Entre 1879 et 1883, la ville se voit pourvue d'une ceinture de forts à coupole qui sont le nec plus ultra de ce qui se fait, à l'époque, en la matière. C'est la PFN, la Position Fortifiée de Namur, dont le concepteur est le général Henri-Alexis Brialmont, un des plus brillants théoriciens militaires du temps.
La citadelle perd cette fois définitivement son rôle de fer de lance de la défense de Namur, bien que l'armée continue à l'utiliser comme centre de commandement et de logistique ainsi que comme centre d'entraînement, et qu'une garnison continue à l'occuper.
Cela va permettre la concrétisation d'une idée qui est dans l'air du temps, la transformation progressive de Namur en centre de villégiature : la création d'un parc touristique sur les terrains d'une citadelle démilitarisée est un des axes majeurs de ce programme.
Le rôle du bourgmestre Henri Lemaître (1891-1895) est, à cet égard, décisif. C'est lui qui obtient le déclassement (partiel) de la citadelle comme place-forte, dont l'arrêté est signé par le roi Léopold II le 3 juillet 1891.
Quelques jours plus tard, la presse salue l'événement qui "laisse espérer la réalisation d'un projet gigantesque qui aurait pour but de transformer l'immense plateau du château en un parc admirable, découpé de belles promenades, parsemé de reposoirs, de bosquets, de kiosques ..."2.
Une plaque commémorant l'événement, dont la lisibilité est aujourd'hui malheureusement fort altérée, fut apposée sur la façade de l'ancien corps de garde du Donjon. La loi approuvant la cession des terrains démilitarisés à la Ville fut publiée par le Moniteur le 7 juillet 1893. L'aménagement de la Citadelle peut dès lors commencer. Dès cette année 1893, Elie Laîné, architecte de jardins de Léopold II, élabore un Projet des promenades de la Citadelle, partiellement mis en œuvre. C'est à l'intérieur du canevas de voiries imaginé par Laîné que vint s'inscrire, quelques années plus tard, le Palais Forestier. Celui-ci est construit en 1901, à l'occasion d'un Concours régional agricole (exposition internationale !) pour abriter les sections Eaux et forêts et Chasse et pêche. Seul des bâtiments de l'exposition appelé à être conservé, il était destiné à devenir, après celle-ci, un Musée de Sylviculture. Le dernier avatar de cette affectation initiale fut le Musée Provincial de la Forêt, nom sous lequel la plupart des Namurois le connaissent encore, réaménagé en 1964 sous la direction de Roger Damoiseau, et qui fut désaffecté en 2001, à l'issue du bail emphytéotique qui liait la Ville à la Province.

Jean-Louis ANTOINE, Archéologue
12 septembre 2008

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 1.(Raymond BALAU, Centenaire du Palais Forestier de Namur. Vers quelle rénovation , dans De la Meuse à l'Ardenne, 30, 2000, p. 82)

2.(l'Ami de l'Ordre du 11 juillet 1891)

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