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Buste de René Barbier - Victor DEMANET

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Victor DEMANET - Buste de René Barbier
bronze à cire perdue

René Barbier est né à Namur en 1891, dans une famille d'artistes. Son père, Ernest, était flûtiste, son oncle, Léon Tonglet, directeur de chorale et le frère de celui-ci, Théo, peintre et sculpteur. René fréquenta dès son jeune âge l'Académie des Beaux-Arts et le Conservatoire de Namur, pour finalement s'orienter vers la musique et apprendre la flûte et l'orgue. Ses études brillamment terminées, il s'inscrivit au Conservatoire royal de Bruxelles puis à celui de Liège où il obtint les Premiers Prix d'harmonie, de contrepoint, de fugue et d'orgue. Il obtint également le Prix de Rome en 1920 (le lauréat se voyait octroyer une bourse pour y séjourner, étudier et travailler durant un an).

Par après, René Barbier enseigna l'harmonie aux Conservatoires de Liège puis Bruxelles et cumula, à partir de 1923, cette fonction à celle de Directeur du Conservatoire de Namur, tout en y assurant les cours de musique de chambre, de contrepoint, de fugue et de composition, et en y tenant la classe d'orchestre. Il dirigea d'ailleurs les plus grands ensembles de Belgique. Il mena aussi une féconde carrière de compositeur. On lui doit ainsi 120 œuvres dans des genres très variés (musique de chambre, concertos, etc.), y compris des œuvres pour fanfares et harmonies. René Barbier s'éteignit à Ixelles en 1981, après qu'en 1975 la Ville de Namur eut célébré, au Théâtre Royal, ses 85 ans devant un éventail de personnalités. A cette occasion, son buste prit place à l'entrée du foyer pour y rester jusqu'à la rénovation du bâtiment.

En fait de buste, il s'agit plutôt d'une tête qui émerge d'un bloc brut pareil à un rocher, pouvant évoquer l'esprit qui supplante la matière. Victor Demanet a bien connu René Barbier. Ils entretenaient de bonnes relations et le sculpteur a réalisé ici un de ses meilleurs portraits avec ceux, entre autres, de son maître Désiré Hubin (1924, collection privée) ou des peintres Jean-Baptiste Scoriel (1924, localisation inconnue) et encore James Ensor (1934, collection privée). L'artiste a très bien senti et figuré la personnalité de son modèle.

Né à Givet de père et mère namurois, Victor Demanet revint dès son enfance vivre à Namur avec ses parents qui exploitèrent un commerce d'antiquités rue de l'Ange. Leur dessein était que Victor, fils unique, prenne leur relève et il fut initié en ce sens, se constituant ainsi un premier bagage de culture artistique. Il le compléta, par hobby, en fréquentant de 1916 à 1919 l'Académie des Beaux-Arts où il fut élève de Désiré Hubin (Namur, 1861 – 1944), sculpteur auquel nous devons plusieurs bustes de qualité. Malgré les distinctions et les prix, Demanet finit par douter et abandonne la sculpture, ne croyant pas en son talent.

L'année 1920 sera pour lui celle du service militaire. Caserné à Bruxelles, il passe ses loisirs au Musée des Beaux-Arts où il découvre les œuvres de Constantin Meunier (1831 – 1905). Ce génial peintre mais surtout sculpteur fut le premier à évoquer le monde ouvrier dans sa réalité humaine et sociale. C'est pour une révélation pour Demanet. Un an plus tard, ses parents l'envoient à Paris pour le commerce familial, mais aussi pour peaufiner sa culture artistique. Les sculpteurs Rude (1784 – 1855), Carpeaux (1827 – 1871) mais surtout Rodin (1840 – 1917) le marquent décisivement. Il deviendra par la suite élève, certes irrégulier, à l'Académie de Bruxelles, mais le virus de la sculpture l'a repris pour toujours.
Remarqué à la Triennale de Namur en 1922, il se laisse convaincre d'expédier au Salon des Artistes français (Paris) de 1923 son buste de Bonaparte à Arcole (Namur, Gouvernement provincial), représentant Napoléon comme aucun artiste ne l'avait encore fait. Parmi 2.000 envois, son œuvre figure non seulement parmi les 550 pièces exposées, mais elle est aussi primée, ce qui détermine Demanet à se lancer complètement dans la sculpture, au lieu d'y consacrer ses loisirs.

Portraitiste de talent (les conseils de Hubin lui furent sans doute bénéfiques), Victor Demanet est connu pour ses monuments officiels (statues de Léopold II et Albert Ier à Namur, Monument des fusillés à Bande, etc.) et ses médailles (on lui en doit plus de 110), mais c'est surtout dans son œuvre d'inspiration libre, consacrée essentiellement au monde du travail, qu'il se montre le plus intéressant. Une rétrospective lui fut consacrée à Bruxelles en 1946, dans les locaux de la Compagnie des Bronzes, fonderie réputée (à l'occasion des Journées du Patrimoine en septembre 2002, l'Académie des Beaux-Arts de Namur accueillit une exposition réunissant plusieurs de ces travailleurs, ainsi que des documents originaux). Victor Demanet s'y révèle disciple de Meunier par l'attention portée au monde ouvrier, mais il y est aussi redevable à Rodin, notamment dans le traitement plastique de certains sujets. Son originalité est d'avoir réussi la synthèse entre ces deux grands sculpteurs qui, du reste, se connaissaient et s'appréciaient.

Thierry Oger
(photo : Jacques Leurquin)


Sources disponibles à la Bibliothèque communale, venelle des Capucins :

MARECHAL, Léopold : notice biographique de René Barbier dans le Dictioonaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur wallon, 1999, pp.27 – 28
OGER, Thierry : Travailleurs, plaquette publiée par la Ville de Namur en septembre 2002, à l'occasion de l'exposition du même nom à l'Académie des Beaux-Arts
TOUSSAINT, Jacques : notice biographique de Victor Demanet dans Arts plastiques dans la province de Namur 1800 – 1945, Bruxelles, Crédit communal, 1993, p.147


 

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