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Garde-robe namuroise de transition Louis XV-XVI

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Cette garde-robe est un des sommets de l'ébénisterie namuroise au 18e siècle. Auparavant, «  à Namur comme ailleurs dans les Pays-Bas, le meuble du 17e est de style Renaissance ou baroque, dérivé du 16e, et plus ou moins évolué selon les régions. Ce meuble du début du 17e n'est pas très caractéristique dans le Namurois et ne diffère pas fondamentalement des régions voisines, Liège ou Hainaut, voire même Lorraine » (Le mobilier..., pp.10-11). Pour des raisons qui sortent du cadre de cette notice, le 17e siècle a vécu dans nos régions, et particulièrement à Namur, l'implantation de nombreux couvents, au point que la ville en compte treize à la fin du siècle. L'église des Jésuites (l'actuelle Saint-Loup) et Saint-Joseph, celle des Carmes, sont les deux seules à subsister.
 

Des influences extérieures diverses

Il a fallu meubler ces églises, notamment de confessionnaux. A Saint-Joseph, il en reste quatre du début du 17e, d'un style assez sage inspiré par la Renaissance. A Saint-Loup par contre, on trouve des confessionnaux, datables vers 1670, inspirés par le baroque anversois, riche et exubérant, mais alors inconnu à Namur. Des ébénistes et sculpteurs namurois ont plus que probablement été mis à contribution pour ce chantier, découvrant ainsi un style nouveau. C'est un jalon important dans l'évolution du meuble namurois, un autre étant, dans les toutes premières décennies du 18e, l'arrivée subite du style Louis XIV finissant.

Un nouveau type de meuble

Egalement au début du 18e siècle, apparaît la garde-robe. D'un usage plus fonctionnel, elle remplace le coffre pour ranger les vêtements. Ainsi pendus ils ne se froissent pas, on les trouve plus facilement et ils tombent mieux. La garde-robe est, avec le buffet, un des meubles les plus répandus mais aussi, ils réunissent les principales spécificités du mobilier civil namurois : une forme générale robuste ouvrant à deux portes, une mouluration puissante, une corniche imposante et des sculptures appliquées, collées.

En effet, selon la charte namuroise des métiers du bois, qui remonte à 1525, la fabrication des meubles était répartie entre les « escriniers » (ébénistes) qui réalisaient le bâti, les panneaux et les moulures et les « tailleurs d'images » (sculpteurs sur pierre et sur bois) qui réalisaient le décor proprement dit, qui était donc collé. Enfin, les tourneurs réalisaient les pieds.

Question de style...

La France étant voisine, il n'est pas surprenant que le goût français arrive jusqu'à nous, notamment en matière de mobilier. C'est ainsi que les styles Louis XIV, Régence, Louis XV et Louis XVI ont essaimé dans nos régions pendant tout le 18e siècle, avec plus ou moins d'adaptations. Le passage d'un style à l'autre ne coïncide pas avec les dates exactes du règne du souverain auquel il se réfère, ces appellations sont des points de repère. De plus, il fallait un certain temps pour que les modes s'imposent, puis se propagent. En réaction aux lignes droites et au caractère majestueux du style Louis XIV, la Régence a répondu par un assouplissement des lignes, cependant que la symétrie était toujours de rigueur. Avec le Louis XV, la fantaisie et l'asymétrie sont de mise, les formes sont déchiquetées, on a horreur de la ligne droite. Enfin, le Louis XVI réagit aux excès de la rocaille, une composante du Louis XV et, le goût de l'antique reprenant suite à la découverte de Pompei en 1748, on revient à la ligne droite et à la symétrie, des guirlandes remplacent les rocailles, des cannelures apparaissent, etc.

...et de sculpture

Ce qui frappe d'abord dans la garde-robe de la salle des cuirs, c'est la délicatesse de sa décoration qui la rend moins massive, moins imposante que ses homologues namuroises. Ensuite, c'est la relative modération de son style Louis XV qui retient l'attention. Le motif central de l'entablement, avec son tournesol un peu fané et ses deux roses est certes tout en courbes avec encore de l'esprit rocaille, mais fort assagi. A la base de cet élément, la date de fabrication, 1772, figure dans un cartouche. Plus bas, sous l'architrave, vient une console en volutes  cannelée de laquelle descend une coquille aux courbes régulières. Il en tombe trois guirlandes de feuilles bien droites. Cette partie du décor paraît comme un petit avant-goût du style Louis XVI.

Les autres éléments sculptés sont d'esprit Louis XV, sinueux, rocaille mais aussi tempérés, surtout dans la décoration des deux portes. La comparaison avec les autres meubles Louis XV du musée vous le démontrera. Les fleurs et les feuilles sont aussi vraies que nature, taillées avec finesse par un sculpteur qui, bien qu'inconnu à ce jour, devait sortir du lot.

Thierry Oger

Bibliographie :

Le mobilier civil namurois du XVIIIe siècle, Bruxelles, Crédit communal et S.A.N., 1995
Les jésuites à Namur, 1610-1773. Mélanges d'histoire et d'art publiés à l'occasion des anniversaires ignatiens, Namur, Presses universitaires de Namur, 1991

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