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Le Café des menteurs - Mathieu THIRIONET

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Mathieu Thirionet - Le Café des menteurs
Huile sur toile

En 1843 naît à Namur la « Société Moncrabeau ou Académie des Quarante Molons (Quarante Toqués), dissidence du Cabinet des Menteurs, fondé à La Plante en 1834, et succédant lui-même au Cercle des Minteûs, constitué officiellement en 1826, et dissous au moment de la révolution belge. La nouvelle Société se réunit au café Ramlot, rue St-Loup. » (M. George, dans Dictionnaire biographique namurois, p. 44).

Vu la date de ce tableau (1889), c'est le café Ramlot qui est ici évoqué, ni bouge sordide ni luxueuse brasserie, un café peut-être pareil à la plupart de ceux de l'époque. Quatre clients, un serveur, une jeune fille jouant de la boîte à musique et, en retrait, un autre client lisant un journal ouvrent le tableau. Le retour du comptoir, à gauche, équilibre la composition, fermée par la perspective de la salle nimbée de fumée. Plus le regard avance vers la gauche, plus les formes s'estompent. Tout au fond, un miroir renvoie une tache de lumière. Assurément ces personnages, y compris l'homme au journal, sont des portraits. Une femme assise en arrière-plan, face à un homme coiffé d'un haut de forme, probablement aussi.

Les quatre compagnons écoutent la mélodie, le regard songeur, l'autre homme paraît indifférent. Mathieu Thirionet parvient à rendre une atmosphère, sans oublier des détails évocateurs comme quelques allumettes éparses au sol, à l'avant-plan. Il se montre bon observateur et portraitiste.

Détail

Né le 28 mars 1860, Mathieu Thirionet est fils de peintre en bâtiment. Formé à l'Académie de Namur par Ferdinand Marinus, Auguste Dandoy et Théodore Baron, il part ensuite poursuivre son apprentissage à celle de Bruxelles où il aura pour maîtres Jean Portaels (1818 – 1895) et Joseph Stallaert (1825 – 1903). Il y obtient le premier prix du concours général de figures et le deuxième prix du concours de la Ville de Bruxelles. Constantin Meunier, peintre et sculpteur important de la fin du 19ème siècle et membre du jury, l'avait classé premier. En 1883, il sera deuxième du Prix de Rome pour la composition historique (dommage pour lui, le lauréat se voyait offrir un voyage d'études à Rome).

Il finit par revenir à Namur, où il sera nommé professeur du cours supérieur de dessin à l'Académie des Beaux-Arts en 1889, précisément l'année où il peint ce « Café des menteurs ». Il restera professeur jusqu'en 1920. Bon portraitiste, comme le tableau qui nous occupe en atteste, il ne dut probablement pas manquer de commandes. Ses paysages, surtout les aquarelles, étaient et sont toujours également appréciés. Il exposa à Namur, Charleroi et Bruxelles. « Il peut (...) être situé dans la lignée des peintres de formation classique issus de l'Académie des Beaux-Arts de Namur. » (M. George, Arts plastiques ..., p. 165.). Il n'empêche, il n'a pas mal fait d'aller aussi se former ailleurs.

Non content d'être peintre et professeur, Mathieu Thirionet s'est aussi impliqué dans la vie associative, et plus particulièrement culturelle à Namur. Il sera ainsi en 1881, dans sa vingt-et-unième année, membre-fondateur du cercle Le progrès. Cette association, aux buts essentiellement intellectuels et philanthropiques, vécut jusqu'à la veille de la deuxième guerre mondiale et proposait des conférences, des excursions, des soirées musicales, des représentations dramatiques, des concours artistiques et littéraires, etc. A partir des années 1920, sous la présidence de Désiré Merny (Namur, 1865 - 1947) la seule activité du cercle sera l'organisation d'expositions, marquées du sceau de la tradition. Il n'empêche, cette initiative, dont Mathieu Thirionet fut un des instigateurs, a eu le mérité d'exister et il est, comme peintre, un artiste digne de mémoire.

Thierry Oger


Sources disponibles à la Bibliothèque communale, venelle des Capucins :

Dictionnaire des peintre belges du XIVème siècle à nos jours, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995
Dictionnaire biographique namurois, Namur, Le Guetteur Wallon, 1999
Arts plastiques dans la province de Namur / 1800 – 1945, Bruxelles, Crédit Communal, 1993

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