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Portraits de Dinantais - Henri-Auguste Michel

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Dans les années 1800-1805, une « période troublée où la vie est difficile, le travail rare et le chômage monnaie courante » (Pacco, p.81). C'est avec réalisme mais sans complaisance qu'Henri-Auguste Michel a représenté ses concitoyens Dinantais. Quarante-huit de ces dessins sont parvenus jusqu'à nous et ont été acquis pour majeure partie par la Ville de Namur, le reste l'étant par la Société archéologique.

Baptiste Monin le manœuvre, Pierre Renard le fossoyeur, Jean Menet, Bouille, Colas Mussitje, Gaumain le révolutionnaire, Jean l'latte (le ladre) commis de maison, et d'autres encore, tous gens du peuple, ont été sortis de l'anonymat par un de leurs contemporains. Ayant pris la pose sans mise en scène, les modèles ne sont guère flattés pour la plupart, l'authenticité est criante, à la limite du féroce.

Un réalisme à deux voix

Henri-Auguste Michel s'est aussi représenté, ainsi que ses parents, frères et sœurs. Le père et la mère ont été saisis chacun à deux époques différentes. On reconnaît un air de famille dans ces portraits : traits lourds, grands yeux globuleux, regard fiévreux, lèvres épaisses, la fidélité semble bien présente là aussi mais de l'empathie, de l'humanité émanent de ces œuvres. Il  a représenté les siens en les rendant sympathiques, en leur donnant comme une beauté intérieure, à défaut d'une plastique avantageuse. Michel a voulu restituer ainsi la nature, à sa manière.

Tant dans les portraits présentés au musée que dans ceux se trouvant en réserves, Henri-Auguste Michel pratique cette distinction entre lui et les siens d'une part, puis les autres à quelques exceptions près, sans doute des personnes plus proches.

Le portrait connut un grand essor durant toute la première moitié du 19e siècle. L'émergence de la bourgeoisie amena des commandes supplémentaires aux artistes qui trouvèrent là un apport financier supplémentaire, parfois appréciable. Les modèles pouvaient, devaient être flattés. Ici cependant, Michel semble avoir été son propre commanditaire, n'épargnant pas ses modèles. Il a représenté ses concitoyens tels qu'il les voyait, individuellement. L'absence quasi générale de décor, de contexte, n'enlève rien à leur vraisemblance, que du contraire, elle accentue leur présence, servie par un rendu psychologique certain de la part de l'auteur. On pourrait se surprendre à essayer d'imaginer ces vies, ne fût-ce qu'un instant.

Avant la photographie

La technique du lavis d'encre de Chine rehaussé de gouache blanche, outre qu'elle a permis d'intéressants modelés à l'artiste, donne comme une impression de rendu photographique qui accentue le réalisme de ces portraits.

Nous sommes dans les années 1800-1805 et ce n'est qu'en 1826 que la première photographie sera due à Nicéphore Niépce. Voulant affiner sa méthode, il s'associera en 1829 à Louis Jacques Mandé Daguerre, qui commercialisera avec succès le « daguerréotype » en 1839. Il est donc impossible qu'H.-A. Michel ait voulu tracer ces portraits à la manière de clichés photographiques. Cependant, leur fidélité apparente, à la limite de ce procédé, renvoie à la réflexion d'un commentateur, contemporain du daguerréotype : « La photographie est si rigoureusement fidèle à la réalité optique qu'elle risque de détruire la conception que chacun se fait de la beauté » (Wikipédia, Histoire de la photographie). Heureusement il n'en a rien été, mais nous sommes bien en présence de « photos avant la lettre » ce qui est remarquable.
 

Une vie trop brève

Né le 12 octobre 1775, Henri-Auguste Michel est le deuxième fils de François-Joseph (Dinant, 1742-1816) peintre décorateur et sculpteur, et d'Anne-Marie Tonet (1748-1821). Manifestant très jeune des dispositions pour le dessin et le croquis, il devient à Dinant l'élève de Pierre-Joseph Lion (Dinant, 1729-1809) « portraitiste de renom qui, âgé, a rejoint sa ville natale. Ensuite, il suit quelque temps les cours de l'Académie d'Anvers puis s'installe comme peintre à Dinant. De santé fragile, il meurt le 22 décembre 1811, à l'âge de trente-six ans » (Pacco, p. 81).

Son frère Auguste-François, né en 1789, fut aussi peintre. Une déposition de croix (Waulsort, église St-Michel) et St Vincent de Paul secourant les pauvres (Dinant, chapelle de l'hospice) datés de 1841 et 1840, pourraient être de sa main.

Quant à Henri-Auguste, il oeuvra comme portraitiste  -on lui doit notamment le portrait de Nicolas Montigny (collection privée) - et s'adonna aussi à l'aquarelle. Il « a laissé quelques portraits de grande qualité, dignes de figurer parmi les meilleurs de notre peinture néo-classique » (Dupont et Bouvier, p. 44). Une copie de la descente de croix de Rubens signée H. Michel (Dinant, maître-autel de l'hospice) nous est connue.

La brièveté de sa vie nous a peut-être privés d'une suite à cette remarquable galerie de portraits, saisis à une époque où le photo reportage n'existait pas.

Thierry Oger.

Bibliographie :

DUPONT, Pierre-Paul et BOUVIER, Emile : Le portrait, dans Arts plastiques dans la  province de Namur – 1800-1945, Bruxelles Crédit communal, 1993, pp. 43-52

PACCO, Maïté : Les Dinantais vus par un des leurs. Henri-Auguste Michel (Dinant 1775-1811), dans Portrait en Namurois, Namur, Société archéologique de Namur - Province de Namur, 2002, pp. 79-95

Dictionnaire des peintres belges du XIVème siècle à nos jours, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995

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