Fresque en hommage à Pierre Dandoy par Samuel Idmtal

Outils personnels

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Navigation

Navigation
Menu de navigation
Vous êtes ici : Accueil / Actualité / Fresque en hommage à Pierre Dandoy par Samuel Idmtal
Actions sur le document

Mars 2022 - Mise à jour 2 juin 2022

« LA PLUIE NE FAIT PAS LE MÊME BRUIT QUAND ELLE TOMBE ICI »

Fresque de Samuel Idmtal en hommage à Pierre Dandoy

Pierre Dandoy

Pierre Dandoy aurait eu 100 ans cette année. La Ville a souhaité lui rendre hommage à travers une grande fresque réalisée par l’artiste bruxellois Samuel Idmtal à Salzinnes où le « doyen des photographes », qui fut également un artiste-peintre de talent, a longtemps vécu.

La Capitale wallonne accueille une vingtaine de fresques, mais peu d’œuvres dédiées à des personnalités namuroises : la fresque des Wallons dans les Jardins du Maïeur, la fresque Evelyne Axel de Jean-François Octave près de l’Académie des Beaux-Arts ou encore la fresque peinte par Démosthène Stellas à Jambes en référence à l’architecte Alphonse Balat.

La nouvelle fresque réalisée dans le cadre de Namur Confluent Culture vient combler ce manque. Elle met à l’honneur Pierre Dandoy qui, avec sa longue barbe blanche à la Léonard de Vinci, son éternelle casquette et son appareil photo en bandoulière, reste une figure emblématique de Namur.

Pierre est né à Bomel en 1922 et décédé à Salzinnes en 2003. A 15 ans, il entre à l'Académie des Beaux-Arts de Namur, en digne héritier de son père et de son grand-père, les peintres Albert et Auguste Dandoy. De 20 à 40 ans, il voyage énormément. Sa vie de milicien dans les années 40 (Maroc et Allemagne) et plus particulièrement son travail au Service cinématographique de l’Armée dans les années 50 l’orientent vers une carrière de photographe professionnel.

C’est ainsi qu’en 1960, il est engagé au Journal La Meuse comme reporter photographe. Pendant une trentaine d’années, il promènera son objectif dans toute la Wallonie, avec une prédilection pour l’actualité namuroise.

En 1991, il participe à la toute première Rétrospective des photographes de presse namurois aux côtés des photographes Philippe Berger, Benoît Mariage, Serge Bradfer, Yves Raisière et André Dubuisson. Le service Culture lui rend hommage à la Galerie du Beffroi en février 2003 et en 2012 en tant que « doyen des photographes ».

En 2000, comme son père Albert, il reçoit la Gaillarde d’argent, la « distinction suprême » décernée par le Comité Central de Wallonie à ceux qui, tout en ayant un ancrage namurois, ont illustré les mérites de la Wallonie.

Des expositions sont programmées en 2023 à Namur, notamment au MusAfrica (bâtiment des Archives de l’Etat) et à la Galerie du Beffroi, pour mettre en évidence l’éclectisme et la richesse de sa carrière artistique.

Le Fonds Pierre Dandoy est actuellement conservé aux Archives de l’Etat à Namur.

Objectifs de la Ville via Namur Confluent Culture ? Mettre à l’honneur une personnalité namuroise (Pierre Dandoy) et un artiste belge contemporain (Samuel Idmtal). Mais aussi : rendre l’art accessible au plus grand nombre, égayer la ville et renforcer son attractivité en transformant l’espace public en lieu d’exposition permanent. Pour ce faire, le service Culture a déjà fait appel à une vingtaine d’artistes ou collectifs street art locaux, mais aussi belges et internationaux. La volonté est aussi d’interpeller et de susciter la curiosité du public en variant les styles et les techniques et en alternant les installations éphémères et les oeuvres permanentes qui deviennent un élément du décor.

Un vrai défi pour l’artiste, Samuel Idmtal

Samuel Idmtal - Fresque Pierre Dandoy
Photos © André Dubuisson

C’est l’artiste bruxellois Samuel Idmtal, peintre pochoiriste, qui a été choisi via le collectif Propaganza*, pour immortaliser Pierre Dandoy dans une fresque monumentale, au n°3 de la rue Henry Lemaître à Salzinnes. Après avoir travaillé cinq ans en tant que journaliste, il partage aujourd’hui son temps entre l’enseignement (dans une école à Schaerbeek) et la peinture. Ses fresques mettent en avant la place de l’être humain dans notre société.

Avec l’asbl "Les Pousseurs" et son complice Orlando Kintero, il réalise régulièrement des peintures, des performances, des portraits de particuliers et des toiles participatives dans lesquelles il implique les habitants du quartier de manière à laisser une « œuvre commune ».

On lui doit notamment la portrait de Pierre Rabhi réalisé avec Propaganza à Ixelles (2019), la fresque Childood’s Bridge (le pont de l’enfance) à La Louvière ou encore la fresque dédiée au personnel qui œuvre dans le secteur de la petite enfance à Bruxelles (2021).

Pour la fresque de Salzinnes, Samuel Idmtal a sélectionné des clichés de Pierre Dandoy mis à disposition par sa famille. Dans une mise en abîme du photographe, qui est à la fois sujet et spectateur, il a choisi de jouer sur la couleur et le noir et blanc, en intégrant le quartier qui sert de décor à la fresque.

« La technique du pochoir me correspond bien car elle m’offre des limites, notamment un cadre à respecter, dans lequel je suis libre de peindre de façon plus instinctive. J’entretiens également des affinités avec la photographie dans sa dimension sociale. Cette fresque est un mixte des deux disciplines. A partir d’une photo de deux enfants que Pierre Dandoy a prise le long du chemin de halage, à Salzinnes, et d’un portrait de lui en action, j’ai réalisé un pochoir de 16m sur 16, le plus grand que j’ai jamais fait. Pour moi, c’était un véritable défi ! ».

* Le collectif bruxellois Propaganza est intervenu plusieurs fois sur les murs namurois : fresque de Nean et des Balances à Salzinnes, « Des fleurs pour Québec » avec Dan Brault sur la place de Québec, le Nuancier sur le chemin des écoliers à Namur.

« LA PLUIE NE FAIT PAS LE MÊME BRUIT QUAND ELLE TOMBE ICI »

Projet fou mais aventure humaine extraordinaire. Merci Namur.

« Salzinnes, mars 2022. Je pose un regard sur ce mur immense en me disant que j'ai envie de prendre mon temps et de respecter au mieux la poésie qui émane de cette photo de deux enfants le long du halage. La fresque se situe elle-même en bord de Sambre et le halage n'est qu'à quelques mètres de là. Cela prend tout son sens de peindre ici. De rendre hommage à l'enfant du pays, lui qui est issu d'une lignée d'artistes namurois, qui a grandi dans un quartier populaire, côtoyé Picasso, réalisé des milliers de photos à travers le monde et qui aurait fêté ses 100 ans le 27 janvier 2022.

Plus je m'intéresse à Pierre Dandoy, plus je découvre son humanisme. Le regard posé sur ses sujets est souvent tendre et plein de poésie. Au début de la fresque, j'ai la chance de dormir une nuit là où il a vécu. Sa maison est un véritable musée. Je contemple ses photos, ses tableaux et ceux de son père, Albert Dandoy qui, comme lui, a longtemps « fouillé l’âme de Namur ». Sophie, l’une de ses filles, légende chaque photo en me racontant l’histoire qui se cache derrière.

Le chantier avance petit à petit. Cette temporalité lente me permet de rencontrer beaucoup de monde. Au fur et à mesure que le dessin prend forme, les gens reconnaissent des endroits réels dans la fresque : le pont du musée, le quai des Joghiers et ce petit balcon vert qui se trouve près de "l'1passe-temps", une brasserie où l'on mange apparemment un merveilleux pain de viande au fromage de Maredsous et qui porte bien son nom tant cette photo, qui semble avoir été prise dans les années 1950, voyage désormais à travers le temps. Mettre de la couleur dans les photos d'archives ou comment revivre les émotions du passé...

Les gens s’arrêtent et m’interpellent en me disant qu’ils ont bien connu l’homme à la casquette et à la barbe blanche. Namur semble bien se rappeler de Pierre Dandoy. J’apprends aussi qu’il fait partie de la famille de Melanie, une amie de longue date. Fernando et Michael, deux opérateurs nacelles, font également des recherches pour retrouver l’endroit exact de la photo.

Un voisin interprète l’image comme une allusion aux inondations de l’été dernier et au réchauffement climatique. Ali, dessinateur avec qui je « chemine » de temps en temps de la fresque à la gare, y voit des reflets de la pluie sur le halage. La pluie « qui ne fait pas le même bruit quand elle tombe ici », m’avait confié Valentin, opérateur nacelle avec qui j’ai travaillé le premier jour.

La fresque prend forme et Aylin, qui m’aide à découper les pochoirs depuis le début, vient peindre avec moi. Quelle fierté de voir une ancienne élève de la Sainte-Famille tout en haut de cette nacelle !

Merci Aylin pour ta patience et ta découpe millimétrée. Je suis ravi de t'avoir embarquée dans ce projet fou. Merci à Propaganza, Sophie et la famille Dandoy, l’asbl « Les Pousseurs », Nathalie, Viviane, Mélanie, Valérie, Valentin, Michael, Fernando et Toussaint pour cette belle aventure. »

SAMUEL IDMTAL

top