La végétalisation est une priorité de la ville de Namur et une question de santé publique. Depuis quelques années, des lieux autrefois entièrement couverts de pavés ou de tarmac en centre-ville s’ouvrent pour accueillir des arbres. Place Chanoine Descamps, boulevard Mélot, rue de la Tour, place l’Ilon et rue de Gravière, square Henri Maus et même sur la place du Théâtre ! Mais planter des arbres dans une vieille ville comme Namur, c’est le parcours du combattant !
Petite histoire d’un arbre urbain
D’abord, il a fallu constituer une équipe pluridisciplinaire parce qu’il ne s’agit pas juste de choisir le bon arbre et de connaitre ses besoins, il faut s’y connaître en voirie et savoir comment réaliser une fosse de plantation, intégrer de multiples informations. En 2020, une équipe s’est constituée : le groupe de travail « végétalisation » était né.
Il fallait préalablement avoir un inventaire des arbres existants. Un travail colossal ; mais c’est désormais chose faite : https://data.namur.be/pages/namur-observatoire-arbres/
Outre le projet de piétonisation de certaines rues qui se construit autour d’une végétalisation parfaitement intégrée avec un système de gestion de l’eau de pluie favorable aux plantations, la Ville de Namur a voulu implanter des arbres en dehors de ces rues.
Le travail de prospection du groupe végétalisation a permis de sélectionner les meilleurs endroits où accueillir des nouveaux arbres, tenant compte de l’espace aérien disponible mais également souterrain. Il a fallu tenir compte de la taille des trottoirs, des vitrines des commerçants, des accès aux pompiers, des évènements et animations de rue, des vis-à-vis des habitants, des différentes enseignes, panneaux indicateurs et routiers, des œuvres d’art, du mobilier urbain, des places de parking, etc… Les contraintes sont nombreuses pour pouvoir implanter de nouveaux arbres dans l’espace public.
En fonction de l’espace aérien disponible et de l’ensoleillement, des variétés d’arbres ont été choisies pour leur forme fastigiée ou leur taille petite, moyenne ou grande, proportionnellement à la place disponible.
En sous-sol, c’est parfois la surprise car les plans des canalisations (eau, gaz, égout) et autres câbles (électricité, téléphonie, etc…) présents en quantité ne sont pas toujours très précis. Ce n’est qu’en ouvrant qu’il est possible de voir exactement ce qu’il s’y trouve et on ne peut généralement pas déplacer ces impétrants. Il faut se tenir à une distance de sécurité de ces canalisations et penser à les protéger des intrusions de racines. En outre, il n’y a pas que les impétrants dans le sous-sol, il peut y avoir divers regards, des poubelles enterrées... En bref, trouver un espace d’enracinement non compacté et suffisamment grand pour assurer la survie de l’arbre n’est pas courant dans une ville historique aux rues parfois étroites.
Enfin, il y a les contraintes physiologiques et les risques inhérents aux végétaux à prendre en compte : risque allergique (émission de pollen), dimensions du végétal, production de miellat, enracinement superficiel et/ou puissant susceptible d’entraîner des dommages aux infrastructures, production de fruits, persistance des feuilles, rugosité des feuilles (présence de poils ou microrugosité), nature de l’arbre (conifère ou feuillu), taille moyenne, largeur du houppier, taille des feuilles, port de l’arbre, forme et densité des feuilles, sensibilité aux chablis, branches cassantes… autant de contraintes qui limitent le choix des variétés.
L’adaptation au climat local est également prise en compte : résistance aux spécificités urbaines (fortes chaleurs, air sec, sol compact, alimentation en eau difficile), résistance aux effets attendus du changement climatique (fortes sécheresse, canicules estivales) tout en valorisant les espèces indigènes pour accueillir la faune qui en dépend.
Pour donner toute leurs chances aux arbres, idéalement, il faut une fosse profonde et longue (bande de plantation), un système de gestion de l’eau de pluie qui permet de la récupérer pour l’arrosage, un pied d’arbre végétalisé, pas de bordure mais une protection laissant passer l’eau et enfin planter en automne un arbre jeune qui s’enracinera plus rapidement et plus durablement qu’un arbre planté plus tard dans la saison ou un plus âgé.
Tous ces éléments peuvent être facilement mis en œuvre et les contraintes contournées lorsqu’il s’agit d’un grand chantier dans un nouvel espace mais pour des arbres à implanter dans le bâti d’une ville ancienne, il a fallu s’adapter pour offrir le meilleur à ces nouveaux venus.