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Dernière neige - Jean-Baptiste SCORIEL (Lambusart, 1883 – Tamines, 1956)

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Jean-Baptiste SCORIEL - Dernière neige

Entre la blancheur aux reflets bleu-vert d'un champ enneigé et les ocres d'un ciel nuageux de fin de journée, Jean-Baptiste Scoriel évoque successivement un village, puis un premier et un second plan de collines boisées. Comme souvent chez lui, aucun personnage n'est présent dans le paysage, il se contente de noter des traces de la vie, il la suggère. Dans le champ, le passage de l'homme est attesté par le manche d'une fourche laissée plantée dans un tas de fumier, en avant-plan. Deux autres plus éloignés nous amènent à un village resserré autour de son église.

Les fermes et les maisons, lieux de vie, apportent des touches de bleu, de vert et de rouille notamment, tandis que le clocher relaye la verticalité de quelques longs arbres fins situés plus en avant sur la gauche. Ce sont, avec le manche de fourche de l'avant-plan, les principaux éléments verticaux de la composition. Le reste est comme étiré.

Après le village, une première colline s'étend avec des champs enneigés sur la gauche, ponctués des taches de quelques maisons, arbres, haies ou buissons, tandis que par-delà un chemin, sa partie droite montre la masse brune des arbres nus d'un bois. Enfin, pour borner l'horizon, une bande sombre s'étend, suggérant une forêt. Tout est calme, la nuit va tomber, tout le monde est rentré, même les oiseaux ont déserté le ciel.

Talentueux paysagiste adepte des constructions bien faites, Jean-Baptiste Scoriel est né à Lambusart, entre Charleroi et Namur, dans une famille d'origine flamande. C'est à l'Académie des Beaux-Arts de Namur qu'il sera d'abord formé, avant de prendre conseil auprès de Jean-Pierre Blanche à Honfleur, terre de paysagistes (Monet et Seurat, notamment, passèrent par là).
D'abord adepte du luminisme, qui mue les couleurs en poudroiements de lumière, Scoriel reviendra par la suite à la ligne et à la forme. Ses paysages d'hiver sont considérés comme l'aspect le plus original de son œuvre ; certains l'ont d'ailleurs surnommé « le peintre du blanc ». Il exposa un peu partout dans le pays (Namur, Bruxelles, Anvers, Charleroi, etc.).

C'est à l'Académie de Namur que Jean-Baptiste Scoriel fut initié à la peinture de paysage. Fondée en 1835, elle eut dès le début des cours de cette discipline à son programme. Le titulaire en était Ferdinand Marinus (Anvers, 1801 – Namur, 1890), également directeur. Il cumulera les deux fonctions jusqu'à la fin de son mandat, en 1882. Tombé amoureux des sites mosans, ce Namurois d'adoption initia la longue « tradition » du paysage à l'Académie des Beaux-Arts. Il y eut ainsi Théodore Baron (1840 – 1899), Bruxellois d'origine qui sera nommé professeur à l'Académie en 1882, puis directeur en 1894. Resté en fonction jusqu'à sa mort, il attribua au paysage une place encore plus importante dans l'enseignement dispensé. C'est en 1868 que, grâce à son ami le poète Camille Lemonnier, il découvrit les vallées de la Meuse, de la Lesse, de la Mehaigne et du Houyoux. Ils séjournèrent, à Anseremme, à l'auberge « Au Repos des Artistes » où se réunit, entre 1868 et 1888, la « colonie d'Anseremme » avec notamment Félicien Rops, Armand Dandoy, Octave Maus, Maurice Hagemans, Camille Van Camp et bien d'autres artistes, journalistes et amis des arts.


Théodore Baron,
par Jean-François Taelemans

Baron forma Théo Tonglet (Namur, 1862 – 1929), Henry Bodart (Namur, 1874 – 1940) et Désiré Merny (Namur, 1865 – 1947), tous trois paysagistes et professeurs à l'Académie, où un certain conservatisme artistique semblait de mise. Ainsi en 1925, alors qu'il était directeur, Désiré Merny déclara, lors d'un vernissage d'exposition, « Namur, heureusement n'a pas été touchée par les exagérations cubistes ou dadaïstes, c'est une ville qui n'accepte que les formules pondérées. Nos artistes n'ont jamais oublié que la nature était l'éternel modèle auquel il faut toujours se reporter. » (voir la notice de Martine George, cfr bibliographie). C'est à partir des années trente que les mentalités commenceront à changer, grâce à des cercles de jeunes artistes et des professeurs comme Yvonne Gérard (Dinant, 1902 – Wépion, 1992), par exemple. Ainsi en 1935, le jury d'examen recommanda fermement l'exécution systématique de travaux d'invention. Il ne s'agissait cependant pas de faire table rase du passé mais bien de stimuler la créativité des élèves, tout en tenant compte des acquis antérieurs.


Thierry Oger


Sources disponibles à la Bibliothèque communale, venelle des Capucins

Leblanc Véronique, Mineur Michel et Piérard Roger : « Rops au pays de Meuse. La quête de la sensation », Namur, Province de Namur, 2000
« Arts plastiques dans la Province de Namur. 1800 – 1945 », Bruxelles, Crédit communal, 1993 (et plus particulièrement la notice de Martine George : « L'Académie des Beaux-Arts de Namur », pp 88 – 98)
« Le dictionnaire des peintres belges du XIVème siècle à nos jours », Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1995

Autres sources

« Petit Larousse de la peinture » (2 t.), paris, Larousse, 1979

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