Les collections du Musée des Arts décoratifs de la ville de Namur abritent deux bougeoirs et un service à chocolat réalisés par la manufacture de Meissen. C’est dans cette ville de la Saxe (Allemagne) que le secret de la céramique orientale est percé, au 18e siècle. La porcelaine de Meissen est une porcelaine à pâte dure, composée de kaolin et d’albâtre, ce qui lui donne cet aspect blanc, opaque et pur.
En 1710, Frédéric-Auguste Ier de Saxe dit Auguste le Fort, le prince-électeur de Saxe, fonde à Meissen la première manufacture de porcelaine d’Europe. Elle prend le nom de manufacture royale de Meissen. Devant la qualité de ces productions, la manufacture royale prend en important et s’exporte dans toute l’Europe. Elle connaît son âge d’or au 18e siècle, avec plusieurs directeurs artistiques qui renouvellent l’art de la porcelaine avec des inspirations européennes, germaniques et asiatiques. Pendant sa période de croissance, la manufacture royale de Meissen se fait connaître pour la qualité de ses productions avec des magnifiques scènes de chasse, des sujets de galanterie inspirés des peintures de l’époque, des insectes de Saxe et beaucoup de scènes maritimes. Les productions de la manufacture deviennent rapidement des objets d’art en plus d’être des objets du quotidien. Cependant, le succès de la manufacture royale de Meissen finit par décroître devant le succès de la manufacture de Sèvres (France).
Les collections du Musée des Arts décoratifs de la ville de Namur contiennent quelques productions de la manufacture royale de Meissen. Ces dernières sont reconnaissables à leur technique qui n’a pas été modifiée depuis le 18e siècle, ce qui constitue leur carte d’identité.
Tout d’abord, un groupe représentant le vendeur d’oie. Il s’agit d’un groupe qui a probablement été réalisé au 18e siècle. On peut noter ici les caractéristiques de la porcelaine de Meissen avec une matière très blanche et brillante. La manufacture royale de Meissen pouvait également produire des bronzes, comme ici pour la structure du bougeoir. Les réalisations de la manufacture conservées au Musée des Arts décoratifs sont de style rococo. Il s’agit d’un mouvement artistique du 18e qui touche de nombreux domaines. Il est caractérisé par sa profusion de détails, d’arabesques, de courbes asymétriques rappelant les volutes des coquillages ou des feuillages.
L’autre groupe appelé “groupe au musicien” est daté du 19e siècle. Il s’agit sûrement d’un remplacement du 18e siècle. Il représente, sur un modèle du 18e siècle, un musicien jouant de la flûte avant une femme allaitant et tenant une partition.
La porcelaine de Meissen est connue pour ces figurines. Au début, elles étaient assez discrètes, mais rapidement, elles deviennent des objets d’art. Les figurines étaient minutieusement réalisées par des artisans de la manufacture et donc d’une qualité exceptionnelle. Aussi, elles étaient considérées comme des objets de luxe réservés à une élite ou la bourgeoisie aisée, ce qui a beaucoup participé à leur diffusion.
De plus, les figurines de Meissen ont contribué à l’influence de la porcelaine en Europe. Elles ont influencé d’autres manufactures et les figurines s'exportent partout en Europe, ce qui a contribué à la diffusion de l’art et de la porcelaine.
On y retrouve beaucoup de thèmes différents. Les scènes mythologiques et allégoriques, avec des dieux et déesses grecs et romains. Ces scènes sont souvent empreintes d’allégories. Les figurines représentent également des personnages historiques avec des rois, reines, empereurs. Elles reprennent également les thèmes des scènes pastorales et campagnardes, c’est-à-dire des scènes champêtres avec des paysans et des bergers accompagnés d’animaux. Les fleurs et les éléments de la nature sont également beaucoup représentés, ce qui donne une dimension décorative aux pièces.
Emma Laurent
